Le visage peut être appréhendé à partir de sa fonction médiatrice pour la communication, portée par le regard. On connaît en effet la puissance contenue dans la rencontre des regards, et la dimension fondatrice de l’humanité du petit homme au travers du reflet que lui propose le regard des personnes qui prennent soin de lui.

Mais, le visage peut aussi être considéré à partir de sa réalité contrastée de surface visible des parts invisibles de l’humain : en ce sens, tout à la fois, il dévoile et voile les sentiments et les affects, les pensées et les préoccupations…

Ainsi, la thématique des visages mérite d’être explorée dans sa portée anthropologique. Dans le champ de l’Art Brut et de ses productions marquées par une forme de nécessité de création, cette exploration prend une dimension singulière : la présentation d’œuvres dont le contenu figuratif propose une rencontre avec cette part d’humanité inaliénable, quelle que soit la marginalité des inscriptions sociales ou culturelles de leurs auteurs, apparaît d’une certaine manière comme incontournable. Ces visages, dont la tonalité attentive, interrogative, communicative, absente ou vide, en retrait ou en quête, témoignent d’une modalité de rapport au monde et interrogent, dans une forme de mise en abyme, notre propre rencontre de l’humain.

Commissariat : Pascal Roman, professeur de psychologie clinique, psychopathologie et psychanalyse

Coordination : Pauline Mack

L’exposition sera accompagnée d’une publication en deux éditions séparées (française et anglaise) dans la série Art Brut, la collection, qui accompagne les biennales. Edité chez 5 Continents Editions (Milan).